« Où va l’assurance-vie ? » Compte-rendu du petit-déjeuner UDAP avec Jean-Pierre Wiedmer du 3 décembre 2019
Où va l’assurance-vie ?
Réforme des retraites, loi Pacte, taux d’intérêt au plus bas… Faut-il s’inquiéter ou se réjouir des bouleversements en cours ?
Compte-rendu du petit-déjeuner UDAP avec Jean-Pierre Wiedmer du 3 décembre 2019
Aujourd’hui, il y a 37 millions de détenteurs de contrats d’assurance-vie pour 1.700 milliards d’euros d’euros d’encours, massivement investis en euros.
A cause des taux négatifs, Moody’s a tiré la sonnette d’alarme en novembre.
Jean-Pierre Wiedmer, polytechnicien, actuaire, ancien dirigeant du Crédit Lyonnais, d’HSBC, de Mercer France, auteur de « Enfin senior » et « tant qu’il y aura des seniors », président de l’International Longevity Center, échange sur ce thème avec l’UDAP.
« L’état de fragilité », un état médical dans lequel peut se retrouver une personne âgée suite à un choc. S’il n’est pas diagnostiqué, elle peut se retrouver en dépendance. L’état de fragilité est réversible. Une auto-évaluation est-elle possible ? L’ILC a lancé une expérience avec la CNAV sur 10.000 personnes.
Faut-il s’inquiéter ou se réjouir des évolutions du contexte de l’assurance-vie ? Les deux. La collecte en novembre 2019 a atteint 1,9 Md€ avec 25% d’UC pour des encours de 1.700 Md€. C’est un marché qui continue à croître gentiment.
Le produit fonds euro est un couteau-suisse. Il offre beaucoup de possibilités à l’épargnant. On donnait la rémunération des anciens aux nouveaux clients via la mutualisation dans le temps. C’était facile à vendre.
Aujourd’hui, on annonce des taux de rémunération à 1%. La démographie pose des difficultés sur la retraite. Nous devons donc faire de la pédagogie pour passer du couteau-suisse au produit retraite.
Nous devons nous habituer aux taux bas. Les UC peuvent être intéressantes, mais ça dépend du moment où on entre. C’est positif si la détention est longue.
En parallèle, l’évolution des règles comptables des assureurs rendent leur solvabilité plus volatile. Plusieurs assureurs ont donc été recapitalisés. Les bancassureurs ont des maisons-mères qui ont les moyens. Pour l’instant, il n’y a pas d’alerte de l’ACPR sur les petits assureurs.
Le PER peut offrir sécurité et souplesse. L’eurocroissance offre un peu de garanties à terme. Le fonds euro ne date que de 1990 et c’est un produit fabuleux au vu de toutes les garanties qu’il offre.
L’obligation imposée par certains assureurs de prendre des UC pour souscrire au fonds euro est à la limite de la légalité.
On constate que 20% des assurés possèdent 80% des encours. La plupart sont bloqués pour des raisons fiscales.
Si les UC sont rentables, pourquoi les assureurs ne les prennent-ils pas ? Les règles comptables les bloquent.
Djamel Souami : « Quel est le rôle de l’assureur, si pas de transformation ? »
Effectivement, avec des UC, le gestionnaire d’actif et l’assurance font la même chose. Les assureurs sont toutefois plus solides.
Les règles prudentielles ne sont pas adaptées.
Charles Vincensini indique que l’assureur doit faire de la transformation. Aujourd’hui, seules les règles fiscales distinguent l’assurance-vie. Dans le fonds euro, il y a de la mutualisation. Vouloir transférer le risque est malsain.
Florence Picard pense que le PER à 50 ans avec sortie en capital est similaire à l’assurance-vie.
JPW rappelle qu’aujourd’hui, l’espérance de vie dépasse l’espérance de vie du patrimoine. Il est donc important d’avoir au moins une part de sortie en rente.
Il y a un fort besoin d’assurance dépendance. Cela concerne 30% de français de plus de 80 ans.
Arnaud d’Yvoire parle de la difficulté de vendre de l’assurance dépendance : les gens ne veulent pas entendre parler de ce sujet et donc n’achètent pas. Il s’interroge sur la réglementation des fonds de pension, style Préfon.
Frédéric Chanac rappelle l’utilité de la réglementation : avant il n’y avait pas de conseil. Maintenant, nous demandons le besoin du client.
Le PER oblige les lignes métiers à travailler ensemble.
Il y a principalement trois objectifs d’épargne : la retraite, les coups durs, les projets. Pour les coups durs, c’est de l’épargne à court terme, mais si elle n’est pas utilisée, elle ressemble à de l’épargne long terme.
Il faut plus de conseil qui s’étale dans le temps. La porte est ouverte à la créativité.
Il y a un risque de concentration du marché car il faut maîtriser tous les aspects du PER.
Olivier Sobra indique que les Etats souhaitent des investissements longs mais imposent des règles comptables qui obligent à souscrire des obligations d’Etat.
Il faudrait peut-être utiliser des statuts différents, comme celui de fonds de pension. La durée moyenne de détention d’une assurance-vie est 12 ans.
Florence Picard confirme qu’en France on met la retraite dans l’assurance-vie car on ne veut pas de fonds de pension, comme les fonds de retraite professionnelle supplémentaires. De plus, les taux négatifs impliquent mécaniquement une baisse nominale des rentes.